Directeur d’une école libre hors contrat

Référent pédagogique, employeur, responsable de la sécurité, professeur, éducateur… Le directeur d’une école libre est avant tout un couteau suisse !

Vocation passionnante que la sienne, qui lui permet de déployer mille ressources au service d’une noble cause. Les missions du directeur le mettent en effet en contact avec tous les acteurs de l’école : pouvoirs publics, équipe pédagogique, parents, enfants. Chacun de ces acteurs attend de lui des réponses claires et des règles bien définies. Or, les problématiques varient beaucoup d’un interlocuteur à l’autre, et les embûches logistiques, administratives, humaines ou éducatives ne manquent pas… Alors quelles sont les qualités attendues pour pouvoir mener efficacement toutes ces missions ?  

Avant toute chose, le directeur doit garder le cap et incarner la vision de l’école aux yeux de tous.  Mieux que personne, il est capable d’expliquer les orientations prises par l’établissement, sur les questions de méthodes, de personnel et de moyens. Ces orientations sont définies par le Conseil d’administration, mais c’est lui qui en est le maître d’œuvre ; il lui revient d’en montrer la pertinence et les contours. C’est à cette condition sine qua non qu’il saura recruter une équipe compétente et en phase avec le projet, mais aussi faire valoir la valeur de son école auprès des pouvoirs publics et des médias (mairie, rectorat, élus, journaux locaux…). Avec la vision de l’école comme boussole, il pourra également affronter des choix managériaux compliqués, faire progresser ses collaborateurs et trancher en faveur du bien commun tout en respectant les personnes.  

Mais il lui faut aussi être pédagogue. C’est la finalité ultime de sa mission que de faire grandir les enfants ou adolescents qui lui sont confiés ; pour la mener à bien, il doit en avoir le goût. Sens de la transmission durant les cours, exemplarité du comportement pendant les temps d’école, équilibre tenu entre la bienveillance vis-à-vis des individus et la fermeté dans l’application des règles collectives… Un positionnement d’équilibriste, qui ne peut se faire que si le directeur reste focalisé sur un objectif bien défini : le projet pédagogique de l’établissement. Méthodes scolaires, vision anthropologique et choix éducatifs de l’école y sont indiqués : c’est sur la base de son contenu que familles, professeurs et directeurs ont accepté de travailler ensemble. 

De plus, le directeur doit également se montrer polyvalent. Pour assurer la bonne marche de l’école, il doit pouvoir passer rapidement d’une occupation à l’autre : les journées d’école sont courtes. Entre l’accueil des enfants le matin, le point informel dans la salle des profs à l’heure de la pause-café, la surveillance de la salle de déjeuner, la tenue des cours, la réponse aux mails des parents, la gestion des urgences logistiques et des problèmes de discipline, ou l’animation de la réunion d’équipe, voire la participation au conseil d’administration le soir, on ne voit pas les semaines passer. Sans parler de l’organisation du marché de Noël et de la kermesse de fin d’année… 

Ensuite, il doit faire preuve de rigueur, qualité indispensable sur toutes les questions de sécurité : exercice-incendie, mise aux normes des locaux, dispositifs de mise en sécurité (PPMS, DUERP…). Légalement parlant, c’est même la première des responsabilités du directeur, avant même de parler d’enseignement : s’assurer de la sécurité physique et psychologique des enfants et des adultes de son établissement. Il doit également remplir avec précision les différentes demandes provenant de l’administration et des pouvoirs publics : déclarations des effectifs, formulaires et obligations en tous genre, préparation et gestion des inspections académiques… 

Autre qualité importante : l’écoute. Ecoute vis-à-vis des grands et des petits, des éducateurs et des élèves, mais aussi des parents et des membres du CA – bref, de tous ceux dont il a la charge ou à qui il rend des comptes. Cette attention à l’autre, nécessaire à chacun pour se sentir écouté et compris, permettra en outre au directeur de trouver les bons mots pour faire passer sa vision pédagogique, et trouver le juste équilibre entre bien commun de l’école et bien particulier de chacun de ses membres. Un rendez-vous compliqué avec des parents, une sanction inefficace ou une réunion pédagogique qui finit mal sont bien souvent dus à un accès d’impatience, à un manque d’écoute et de compréhension.  

Le sens de la structuration et de la coordination également est un élément essentiel pour mener à bien les projets de l’année. Projet pédagogique de l’année, campagnes de levée de fonds, pilotage des progressions académiques, kermesses, concours de lectures ou autres voyages scolaires… Le directeur est un vrai chef de projet. A lui de fixer des jalons, un objectif et des limites- avec en ligne d’horizon quelque chose qui doit primer, et conditionner tout le reste : l’épanouissement de l’enfant. Ce calendrier et ces jalons lui permettront de maîtriser l’art de la délégation et du management : la plupart du temps, il fait faire plutôt qu’il ne fait. A lui de connaitre son équipe, et de s’appuyer sur les talents de chacun. 

Enfin, dernière qualité, et non des moindres : l’adaptabilité. Le quotidien d’une école libre est fait de mille et un imprévus à gérer ! Chauffage qui ne fonctionne plus, panne d’électricité, absence inopinée d’un professeur, incident dans la cour de récréation et venue des pompiers sont autant de scénarios qui viennent bouleverser le déroulement d’une journée. C’est connu, les enfants sont vivaces et inventifs, pour le meilleur et pour le pire : au directeur de gérer les situations compliquées que cela peut entraîner. De plus, il doit se rendre disponible face aux sollicitations : si un enfant ou un élève frappe à la porte de son bureau, il suspendra son activité du moment- pour la reprendre un peu plus tard.  

En résumé, le directeur doit donc être centré sur la mission mais respectueux des personnes, pédagogue mais polyvalent, rigoureux mais à l’écoute, structuré mais adaptable… Qui dit mieux ? C’est la recherche permanente de cet équilibre qui fait de sa vocation un défi professionnel et humain, et qui permet un vrai dépassement de soi au service des autres. Quelle plus noble mission que d’assurer la continuité de la transmission culturelle et l’épanouissement des enfants ? 

Vous aussi, devenez directeur d'une école libre !

Articles similaires